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Quand rencontre-t-on un psychanalyste ?
Alors pourquoi un psychanalyste ?
C'est quand quelque chose ne tourne pas rond dans la vie que l'on envisage de rencontrer un psychanalyste, lorsque quelque chose cloche, nous dérange, est, le plus souvent, source de souffrance. Mais il est également nécessaire que celui ou celle qui se trouve entravé/e, se sent mal, souffre, se désespère ou se surprend au bord du gouffre, se reconnaisse comme partie prenante dans ce qui lui arrive. S'il/elle pense que la cause est dans ses gênes, dans les autres ou en Dieu, il /elle ne franchira pas la porte de l'analyste. Par contre, si ce parlêtre s'interroge sur sa responsabilité dans ce qui lui arrive, s'il se dit qu'il y est certainement pour quelque chose, il décidera peut-être de le rencontrer.
Il lui faudra alors prendre rendez-vous. C'est un acte. Rarement impulsif, il a souvent été pensé, imaginé, anticipé; parfois pendant plusieurs années, plusieurs mois, à plusieurs reprises au cours de l'existence lorsque le sujet a rencontré des impasses, lorsqu'il s'est plus douloureusement heurté à ce qui se répète. Mais bon an- mal an, la vie a continué et la décision a été remise à plus tard. Un jour, cependant, elle s'impose à certains comme un acte de courage.
On ne fait donc appel à l'analyste que si quelque chose ne va pas, dérange et/ou fait souffrir. Cela s’appelle "symptôme". Un symptôme se manifeste comme un empêchement, une impossibilité, un excès auquel on ne peut mettre de limites, un goût de la vie qui s'étiole, un acte que l'on ne peut poser ou que l'on ne peut freiner, un mur auquel on se cogne, des pensées qui nous obsèdent, un corps qui nous fait souffrir d'une façon énigmatique, des émotions qui débordent ou qui manquent, une manifestation dans le corps, une répétition d'actes que nous ne souhaitons cependant pas; parfois, ces actes se précipitent entrainant certains au bord de la loi, au bord de la vie. C’est ça le symptôme, un message qui veut dire ce que j'ignore encore et fait énigme, une pulsion qui veut faire ce que je ne veux pas et me contraint.
La vérité propre au sujet dont le symptôme est chargé se trouve masquée. Le travail de l'analyse la dévoilera. Cette vérité appartient au sujet, et il est souvent important qu’il puisse la reconnaître comme sienne. Cette opération ne peut se faire que dans la rencontre avec un psychanalyste, car ce dernier est le décodeur de l’inconscient: d'une part, sa propre analyse et sa formation le lui permettent, d'autre part, grâce à la position qu'occupe l'analyste, l'analysant lui-même devient décodeur.
Faire le choix de rencontrer un analyste c’est consentir à reconnaître la singularité de ce qui nous pousse, nous démange, nous empêche, nous contraint, de ce que nous ne voulons pas et qui nous emporte cependant dans des comportements incontrolables, ou dans un acte, un seul, impulsif, irrépressible, aux conséquences catastrophiques; faire le choix de rencontrer un analyste c'est consentir à reconnaître la singularité de ce que nous ne comprenons pas et dont nous souffrons. Cette rencontre est essentielle dès lors que l'on se sent perdu et que l'on souhaite se retrouver.
Pour certains, cette reconnaissance de leur responsabilité dans ce qui se répète au cours de leur existence et les fait souffrir, ou dans ce qui surgit soudain et fait énigme, ne se fera que dans le cabinet de l'analyste. L'insupportable les conduit à contacter un analyste sans qu'ils se pensent partie prenante dans ce qui leur arrive. Ils ne l'ont jamais envisagé. C'est l'urgence qui s'est imposée et les a fait prendre leur destin en mains, saisir leur téléphone, prendre rendez-vous. Dans ce cas, ce n'est qu'en parlant à l'analyste que cette évidence s'impose et qu'ils peuvent alors défaire ce qu'ils ont construit, de façon à se libérer de la contrainte pulsionnelle ou/et percer la signification singulière qui les tourmente.
Mais qu'en est-il de ceux qui ne peuvent eux-mêmes prendre une telle décision, soit que ce dont ils souffrent les en empêche, soit que leur jeune âge ne le leur permette pas car ils en ignorent la possibilité même? Dans ces cas de figure, ce sont les parents ou les adultes occupant cette fonction qui s'en chargent. C'est alors dans la rencontre-même que ces sujets découvriront les pouvoirs de la parole lorsqu'elle s'adresse à l'analyste à l'acte.
L'analyste écoute chaque parlêtre qui s'adresse à lui dans sa singularité et agit en conséquences.
Découvrir et déconstruire pour construire autre chose de plus adéquat à son propre désir, à ce qu'il souhaite vraiment dans l'existence, est une voie pour l'analysant. Pour certains, cependant, cela n'est pas possible, et l'analyste se gardera de les encourager dans cette voie sans issue. C'est par un autre chemin qu'ils sortiront de l'impasse dans laquelle ils se trouvent, en tricotant quelque chose de nouveau, en tissant une invention singulière, en laissant surgir une trouvaille bien à eux qui leur rendra la vie plus douce, leur apportera de la satisfaction, et souvent même, de la joie.
Les enfants se rendent vite compte de ce que leur apporte le fait de parler à l'analyste. Ils se montrent presque toujours contents, et même impatients de revenir à leur séances. Les effets en sont souvent rapides car l'inconscient de l'enfant est à ciel ouvert. Dans tous les cas, ces rencontres leur éviteront de souffrir, dans l'avenir, de malentendus qui peuvent orienter et perturber une existence entière.
De nos jours, les symptômes des enfants sont souvent considérés comme des anomalies à rééduquer par des techniques orthopédiques de conditionnement, des emplâtres standards. Pour la psychanalyse, le symptôme est une réponse du sujet à quelque chose qu'il ne peut affronter, qu'il ne peut élaborer, qui fait infraction, traumatisme. L'analyste respecte cette réponse trouvée par l'enfant, à un moment, faute de mieux, par ce qu'il n'a pu faire autre chose du réel auquel il s'est trouvé confronté. De cette façon, l'analyste lui permettra d'élaborer ce qui n'a pu être pensé ou parlé, de s'en défaire ou de trouver sa solution singulière. L'enfant se prête avec plaisir au jeu de cache-cache du malentendu qui s'éclaire, au jaillissement de sa singularité.
L'adolescence est une période charnière. L'adolescent se cherche; il doit se construire, se faire une place parmi les autres. Ceci est souvent sa principale préoccupation. Alors, à la recherche de lui-même, il est en quête d' un groupe de semblables, d'un, d'une, de meilleurs/es amis/es qui partagent les mêmes codes: Ils sont identiques, rient des mêmes choses, se moquent des mêmes choses, ont les mêmes passions, les mêmes idées, la même jouissance. Il fait partie d'un groupe, d'une bande, d'une tribu. Il doit leur correspondre, ressembler aux leaders, à ceux que l'on remarque et qui sont aimés. Il doit être conforme à ces modèles, en porter les marques identificatoires de reconnaissance. Il se peut, qu'à l'inverse, sa position soit de se confronter à l'imaginaire des différents groupes qui l'entourent et de se replier sur lui-même. Souvent, ce qui est perçu par ses parents comme faisant symptôme, n'en est pas un pour lui. Il pense que cela fait sa singularité, sa liberté, le lie à d'autres. Parfois, même si cela le dérange, il préfère faire comme s'il ne s'en souciait pas. Les parents, eux, s'en soucient, et c'est souvent par l'intermédiaire de leur demande que l'adolescent rencontre l'analyste.
A l'adolescence, les pulsions font irruption, ébranlant le monde de l'enfance. Les images parentales vacillent. La découverte du réel de la sexualité donne à l'adolescent l'impression d'avoir été trompé par les adultes. Les identifications, qui pouvaient paraître stables, vacillent aussi et celui/celle qui, n'étant plus enfant, n'est cependant pas encore adulte, peut se sentir perdu sans leur soutien. Il arrive qu'un tel ébranlement conduise l'adolescent à rencontrer un psychanalyste, soit qu'il/elle en éprouve lui-même/elle-même l'urgence, soit que les parents en prennent la décision.
La plupart du temps, l'écoute de l'analyste à l'acte surprend l'adolescent et lui donne envie de revenir et de parler. Parfois, ce n'est pas le moment, et il faudra qu'il rencontre d'autres impasses, qu'il se cogne encore sur ce qui le contraint, l'empêche, répète, fait énigme, pour qu'il souhaite parler à l'analyste, c'est à dire autrement que dans ce dialogue fermé ou les adolescents s'agitent, autrement que pour parler entre soi.
Parfois, c'est dans l'après-coup d'un évènement traumatique reconnu comme tel par d'autres que les parents prennent rendez-vous pour leur enfant. L'analyste, avec l'adolescent, répare le dommage subi, amène l'évènement traumatique à se détacher, de façon à ce que le jeune parlêtre n'en souffre pas les conséquences. Parfois, le trauma fait irruption dans le fantasme, et il est alors nécessaire qu'il puisse être entendu et reconnu comme tel, de façon à ce qu'il n'interfère pas d'une façon délétère dans la vie de l'enfant, puis de l'adulte.
A tous les âges de la vie il est possible de s'extraire de ce qui fait notre souffrance. Si nous en ignorons la cause, celle-ci se situe cependant au plus intime de nous-même. Les pouvoirs de la parole, lorsqu'elle s'adresse à un analyste à l'acte, nous permettent de ne plus être sous l'emprise de ce qui nous mène par le bout du nez, de ce dont on peut dire: "C'est plus fort que moi".